l'industrie du disque est en voie d'extinction

Publié le par Philippe Delière

 

la musique achetée ne représente déjà plus que 2% de la musique que nous consommons. les chiffres de ventes de titres s'effondrent chaque année. pourtant, la musique n’a jamais été aussi présente dans notre quotidien : téléchargements gratuits, copies et recopies de cd, transferts de lecteurs mp3… alimentent désormais nos discothèques réelles ou virtuelles.

la musique connaît aujourd’hui le sort que connaitront demain les DVD, les livres, les jeux vidéos… et que, d’une certaine façon, connaît déjà la presse quotidienne. pourquoi ?

3 grandes catégories de biens de grande consommation se dessinent : 

1.       les biens considérés comme précieux : ceux qui sont uniques, impossibles à reproduire à l’identique, souvent liés au temps qui passe (une œuvre d’art, un spectacle vivant, concert de musique, une semaine de vacances,…). leur valeur marchande ira croissante, jusqu’à l’extrême parfois. 

2.       les biens considérés comme rares : tous les objets physiques en général (un stylo : lorsque je le donne, je ne l’ai plus !). leur prix est donc assimilable à la valeur que l’on confère à leur possession (ou au manque que créée leur dépossession).

3.       les biens gratuits : tous les biens potentiellement dé-matérialisables, ceux qui continuent de m’appartenir lorsque je les donne autour de moi. l’information, la musique, les films, les jeux vidéos,… ils sont déjà gratuits ou le deviendront inexorablement. (quelques illustrations : la presse la plus diffusée aujourd’hui en région parisienne est la presse gratuite -metro, 20 minutes-. universal music  via spiralfrog, lance en décembre 2006 un service de téléchargement gratuit de son catalogue..).

or, il faudra encore (et davantage) de moyens pour financer la création de ces biens gratuits.

l’industrie du disque doit prendre la mesure de la révolution qu’elle devra opérer dans les prochaines années. elle devra tout simplement cesser de vendre de la musique pour vendre autre chose, pour remonter son produit, désormais gratuit, dans l’échelle de valeurs du consommateur. plusieurs options sont envisageables :

-          faire de la musique un bien rare et vendre alors un objet physique de valeur. de nombreuses tentatives de cette sorte sont en marche : des packagings spectaculaires, des livrets exclusifs, des habillages inédits… elles sont aujourd’hui considérées par les majors comme des artifices marketing, opérations spéciales,… alors qu’elles ouvrent sans doute une des voies de leur salut.

-          ou alors remonter d’un cran et vendre un bien précieux. La maison de disque n’est pas qu’un agent marketing ou qu’un distributeur de musique : c’est l’intermédiaire entre un consommateur et un artiste. à défaut de marketer un produit, elle pourra marketer une relation, la relation avec les artistes de son écurie. cette relation n’aura pas de prix puisqu’elle sera pour chaque consommateur unique, éphémère.

dans tous les cas l’industrie du disque devra changer de modèle économique, de stratégie marketing, de moyens de communication, comme toutes les industries qui ont vu la valeur de leur produit disparaître. elle  devra nouer un contact direct (aujourd’hui inexistant) avec le public pour remonter dans son échelle de considération. elle devra peut-être se mettre à vendre ce qu’elle a de plus précieux, ce qu’elle préserve hermétiquement et jalousement aujourd’hui : la relation avec un créateur.

 

 

 

Publié dans demain le marketing

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